Force ou handicap à l’émergence culturelle ? Les manifestations littéraires au Tchad, du point de vue idéologique, sont de prime à bord un pont de rassemblement entre les cultures et civilisations. Au Tchad, comme partout ailleurs, des passionnés de l’art de manière générale et de la littérature en particulier prennent ces initiatives à bras le corps dans une perspective de valorisation, de promotion et de redynamisation de l’œuvre humaine. Ainsi donc, en marge du festival Dary qui met en exergue l’identité du peuple tchadien, chaque année, l’on assiste à l’apparition si ce n’est à la naissance de nouvelles manifestations culturelles pour lesquelles de grandes rencontres entre promoteurs culturels, écrivains, libraires, bibliothécaires, éditeurs, lecteurs, artistes sont organisées. Ce sont des festivals et salons tels que le Souffle de l’Harmattan, le Salon du Livre et des Arts Associés la Griotik, le Salon International N’Djaména en Lettres, l’Etudiant de Soweto, le Salon des écrivains et auteurs du Logone Oriental et récemment le Festival International du Livre et des Arts Tchadiens. Ils sont nombreux à pousser comme des champignons sauvages ces dernières années. Le constat est réel. Et la question qui aura taraudé l’esprit de la plupart de ceux qui se connaissent dans ce domaine, c’est quelle est la motivation derrière une telle ascension ? Serait-ce une prise de conscience sur la necessité d’amener l’Homme à se retrouver autrement par l’écriture et les arts connexes ou est-ce simplement une forme de l’entrepreunariat née après moult péripéties dans la recherche d’emploi ? Quoi qu’il en soit, s’il faut considérer ces initiatives comme de l’entrepreunariat culturel, le mal est profond, et necessité des états généraux, car il ne faut pas confondre entreprenariat culturel et promotion culturelle. L’entrepreunariat culturel peut se cristalliser autour des maisons d’éditions, agences de communication avec une ligne éditoriale dans le sens de la culture, etc. La multiplication de ces manifestations littéraires est sujette à des polémiques de moult acabits. Derrière ces manifestations, se cachent souvent des non-dits et des insanités d’une rare portée. Vivement que les promoteurs de ces espaces d’émancipation, puisse se concerter, afin de mutualiser les efforts, cristalliser les énergies vers l’objectif de promotion et de vulgarisation de la culture, loin des querelles chiffonniers.
Nedoum-Allahel Richard